LIVRETS DE LA LAÏCITÉ
Le Grand Orient de France compte près de 52 000 Frères et Sœurs qui se réunissent plusieurs fois par mois pour réfléchir à la construction d’une société plus juste, plus humaine, plus fraternelle, et ouverte à tous ceux qui respectent les valeurs de la République.
Nous sommes des citoyens actifs, engagés dans la vie de la cité.
À chaque jour anniversaire de la loi de 1905, les Francs-maçons du Grand Orient de France appellent leurs concitoyens à manifester leur attachement fondamental à la laïcité en organisant de nombreuses manifestations sur l’ensemble du territoire (plus de 200 chaque année).
Le 6 décembre 2012, dans le grand Temple Groussier, nous avons demandé au Président de l’Assemblée Nationale que soit instaurée une
« Journée Nationale de la Laïcité ».
Notre vision philosophique, politique et sociale de la laïcité plonge ses racines dans l’histoire de France et se fonde sur les principes universels de la République.
L’application de la loi de 1905(1) est l’une des conditions essentielles du bien vivre ensemble. Elle permet de penser et de s’exprimer librement dans le respect de toutes les différences humaines.
C’est cette laïcité que nous défendons, celle de la séparation des églises et l’État, celle de la liberté absolue de conscience, celle qui permet d’assurer à tous un destin humain commun, celle qui est liée à la solidarité et à la dignité.
Celle d’un pays qui assure à chacun un revenu décent, car un être humain ne peut s’émanciper que s’il peut vivre dignement.
Ce recueil de documents de près de 800 pages, qui doit beaucoup à la Commission Nationale Permanente de la Laïcité du Grand Orient de France, est un outil précieux mis à la disposition de tous ceux qui souhaitent s’informer et s’impliquer dans ce combat permanent qu’exige la défense de la laïcité.
La France a été la première nation catholique à avoir, sous la Révolution française, tenté l’expérience de la laïcité, sans que le concept soit encore défini, avec l’état civil, le mariage civil, la suppression du budget des cultes et la loi du 5 fructidor an III selon laquelle la République n’en salarie aucun. Mais le Premier Consul négocie avec le Pape un nouveau Concordat (1801)(2) pour s’attacher l’appui du clergé et du catholicisme. L’excommunication fulminée contre les francs-maçons et les attaques menées contre la Maçonnerie accusée d’être responsable de la Révolution conduisent à une évolution du recrutement des loges du Grand Orient de France de plus en plus influencées par les idées libérales puis démocratiques et sociales.
C’est dans ce contexte que les maçons, dès la Restauration et surtout sous le Second Empire, se dressent contre les méfaits du cléricalisme, en particulier contre la loi Falloux (1850) qui permet aux autorités religieuses de contrôler l’école et le corps enseignant. L’hostilité à l’égard du Vatican grandit alors que le Pape Pie IX, menacé de perdre ses Etats, par l’encyclique Quanta Cura (1864) condamne le rationalisme, le socialisme, l’indifférentisme qui attribue une valeur égale à chaque religion et le libéralisme moderne. A l’opposé, les maçons, qu’ils soient croyants ou non, se réclament de la raison, de la démocratie, du libre examen et de la liberté de conscience, croient dans la valeur émancipatrice de l’instruction, formatrice de citoyens et génératrice de progrès. Ils veulent lutter contre l’influence des congrégations religieuses qui forment une jeunesse réactionnaire.
L’un d’entre eux, Marie Alexandre Massol, élabore les principes d’une morale indépendante des croyances religieuses. L’école, selon le franc-maçon Jean Macé, fondateur de La Ligue de l’Enseignement (1867), doit être gratuite et obligatoire et, dès 1869 selon le programme radical que signe le Frère Léon Gambetta(3), l’école publique devrait être en outre laïque et L’Eglise, séparée de l’Etat. Ce programme est appliqué par la Commune de Paris en 1871 mais elle est écrasée en mai et ce n’est que dans les années 1880, sous la Troisième République, que les maçons, très actifs au sein du mouvement républicain, initiant des militants de la cause laïque notamment de nombreux instituteurs, peuvent mettre en application leur programme. Cette question est régulièrement l’objet de débats dans les loges et dans les convents.
Sous le ministère du Frère Jules Ferry(4) l’école primaire devient obligatoire pour tous, laïque et gratuite pour l’enseignement public (1881-1882). Des cours de morale et d’instruction civique remplacent ceux d’instruction religieuse, un nouveau personnel attaché aux valeurs de la République est formé dans les écoles normales, des lycées de jeunes filles sont créés et la collation des grades universitaires réservée aux Facultés d’Etat. Dans les hôpitaux, des infirmières se substituent peu à peu aux religieuses. Parmi les autres mesures présentées ou soutenues par les maçons, figurent la suppression du repos du dimanche (1880), l’autorisation du divorce (1884) et celle de la crémation (1887) alors condamnée par l’Eglise.
A la suite de l’affaire Dreyfus(5) qui met en évidence la menace que fait peser le cléricalisme pour la République, les loges maçonniques du Grand Orient de France se mobilisent aux élections de 1902 pour obtenir la séparation des Eglises et de l’Etat. La loi, préparée par un ministère dirigé par le franc- maçon Emile Combes(6), aboutit après sa chute et est promulguée le 9 décembre 1905 après le vote favorable du Sénat. Son rapporteur Aristide Briand(7) souligne qu’il s’agit d’une loi d’apaisement.
L’article premier assure la liberté de conscience et le libre exercice des cultes sous la seule restriction de l’intérêt de l’ordre public. Selon l’article 2, la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. La religion relève donc désormais de la sphère privée. Les biens mobiliers et immobiliers des établissements publics du culte, à la suite d’un inventaire, seront remis à des associations cultuelles. Le Pape Pie IX ayant condamné la loi de séparation et empêché le déroulement des inventaires, ces associations ne pourront se constituer et les biens seront remis à l’assistance publique.
La République s’astreint désormais à la neutralité philosophique et confessionnelle mais doit veiller au libre exercice des cultes, dans les limites de l’ordre public. Les protestants sont majoritairement, comme les israélites, favorables à la séparation. Les résultats des élections législatives de 1906 montrent que l’opinion publique a approuvé cette loi.
Après la guerre, la droite accède au pouvoir. Des associations diocésaines remplacent les associations cultuelles qui n’avaient pu voir le jour. L’ambassade auprès du Vatican est rétablie et le statut concordataire est maintenu en Alsace et en Moselle, territoires restitués par l’Allemagne en 1918. Il l’est également aujourd’hui dans quelques territoires d’outre-mer (Mayotte, les îles du Pacifique, la Guyane). Après le régime clérical de Vichy qui interdit la Franc-Maçonnerie et confisque ses biens, la laïcité prend, avec la IVème et Vème République, valeur constitutionnelle. La principale entorse à ses principes est la loi Debré votée en 1959(8) qui permet aux établissements scolaires privés de bénéficier d’un financement partiel s’ils acceptent le contrôle de l’Etat. A l’opposé, la tentative de constituer un service public, laïque et unifié de l’enseignement échoue à la suite de manifestations catholiques. La laïcité à la française, promue par les francs-maçons, en particulier par ceux du Grand Orient de France, est aujourd’hui acceptée par tous à l’exception de minorités religieuses intégristes.
Elle a contribué à la paix civile.
Le modèle français de laïcité prétend à l’universalité mais ce sera à chaque peuple d’en décider un jour l’application.
Le devoir de chaque maçon du Grand Orient de France est de rester mobilisé pour sa défense en France et son avènement hors de nos frontières.
José Gulino (Ancien Grand Maître du G.O.D.F.)
Télécharger le livret sur la laïcité ( en deux volumes au format pdf environ 10 Ko par fichiers) Partie 1-Partie2
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1,8 - www.legifrance.gouv.fr
2,3,7, - www.herodote.net
4,6, - www.senat.fr
5-judaisme.sdv.fr